Concevoir une offre de jeux vidéo

Le jour tant attendu est enfin arrivé : votre direction vient de donner le feu vert pour la mise en place d’un service de jeux vidéo dans votre structure. Seulement voilà, après avoir sauté de joie (ou pas) à cette annonce, la réalité des faits vous rattrape et vous voici désormais obnubilé par cette question : Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?!

Il n’y a pas de façon précise de concevoir un service de jeux vidéo, ni même un espace mieux qu’un autre. Cela ne se qualifie pas en quantité de console ou d’écran, ni en taille d’espace ou qualité de matériel. Un service parfait, c’est avant tout un service qui répond aux attentes de vos usagers en termes d’accès et de politique documentaire.

  1. Préparatif

Un bon moyen de débuter est de commencer par aller voir ce qui se fait ailleurs. De Lille à Montpellier, il existe désormais de très nombreuses bibliothèques qui proposent des espaces de jeux vidéo et les responsables de ces espaces sont généralement ravis de répondre à vos questions. Attention toutefois à ne pas chercher une offre déjà toute prête car, une fois encore, ce qui fonctionne chez les uns ne fonctionnera pas forcément de la même façon chez vous.

Que vous soyez une petite bibliothèque, une grande médiathèque ou un réseau de plusieurs équipements, commencez par interroger celles des collectivités proches de la vôtre. Notez les services proposés, le choix des consoles qui a été fait et pour quelles raisons, le public ciblé, l’accès aux jeux et surtout les limites de leur offre et la manière dont ils souhaitent faire évoluer celle-ci.

  1. Le projet

Avant de se lancer dans la conception des projets envisageables, il est nécessaire de se remettre dans le contexte dans lequel cette offre va voir le jour.

Tout d’abord le public : qui fréquente votre médiathèque ? Des enfants, des étudiants, des adultes, des personnes âgées ? Des familles, des groupes, des individus seuls ? Quels sont les documents empruntés de manière générale ? Jeunesse ? Fiction ? SF ? Polar ? Documentaire ?

Il peut être nécessaire de lancer un questionnaire auprès du public afin de connaître leur profil de joueur/joueuse, ce qu’ils possèdent déjà et leurs attentes en matière de nouveau service de jeux vidéo. Vous pourrez alors déterminer le type d’offre qui a le plus de chance de fonctionner : du prêt, de la consultation ou des animations. Vous pourrez également déterminer les genres de jeux à privilégier : jeux pour enfants et familiaux, jeux matures, jeux multijoueur ou solo, jeux PC, etc.

Par exemple, si les usagers de votre médiathèque possèdent en grande majorité la Xbox 360, il peut être intéressant de privilégier ce support en prêt et de proposer des animations ou une offre de consultation sur les autres consoles.

  1. La mise en place

Mettre en place une offre de prêt est relativement simple, la gestion étant similaire à celle d’un fonds de CD/DVD. Attention toutefois à bien distinguer les consoles entre elles (surtout au catalogage si vous fonctionnez en réseau). La cote peut contenir la console concernée (PS3, PS4, 360, ONE, WiiU, PSP, 3DS, etc.) ainsi que les trois premières lettres du titre du jeu. Par exemple, pour un jeu Fifa sur console Playstation, on peut indiquer « PS3 FIF » et « 360 FIF » pour console Xbox 360.

Afin d’éviter les vols de jeux, il est tout à fait possible de remplacer les boîtiers par des fantômes, voire d’opter pour la méthode des magasins : boîtiers dans les bacs, cd dans les tiroirs.

Acheter les consoles n’est pas une nécessité, mais vous pouvez en avoir besoin pour tester les jeux ou vérifier leur bon fonctionnement.

Pour une offre de consultation, il faut un peu plus de moyens, à commencer par un espace pour accueillir vos joueurs. Il peut tout aussi bien être intégré au cœur de la médiathèque (à la place d’un espace de lecture par exemple) ou bien dans une pièce à part (salle d’animation, salle dédiée).

Sa taille déterminera en partie le type de jeux que vous pouvez proposer et le nombre de joueurs (par exemple, si vous voulez proposer des parties de Just Dance à 4 ou des tournois de Fifa à 7 joueurs, il faut un espace suffisamment large.) Un espace restreint peut aussi très bien fonctionner et pour vous en donner un aperçu, je vous renvoie vers les expositions proposées par les associations retrogaming qui disposent de mobilier peu encombrant et facilement déplaçable pouvant accueillir de 1 à 4 joueurs.

Un mobilier simple est amplement suffisant. Fermé, il permet de sécuriser son matériel. Toutefois, attention si vous laissez les consoles dedans, il faut veiller à ce qu’il soit suffisamment aéré pour éviter que les machines ne surchauffent. Si vos meubles n’en disposent pas, l’un des services de votre collectivité devrait pouvoir y remédier.

Enfin il faut penser au confort des joueurs : sièges, fauteuils, canapés, Fatboy, etc. L’idéal n’est pas forcément d’être installé comme à la maison (quoique) mais d’offrir suffisamment de confort le temps de leur session de jeu, dans l’optique où vous souhaitez que vos joueurs prennent le temps de découvrir et d’apprécier les titres à disposition. A l’inverse, si vous souhaitez simplement qu’il s’agisse d’un temps de démonstration très court, rien ne vous empêche d’installer vos consoles dans des bornes d’arcade.

Quelques éléments à prendre en compte et dont on se rend parfois compte à l’usage :

  • Les nuisances sonores : les joueurs ne sont pas aussi bruyants que les lecteurs qui échangent leur avis. Toutefois jouer nécessite un écran et donc du son. On peut mettre à disposition des casques pour chaque joueur (mais au risque que ces derniers parlent plus forts pour mieux s’entendre). Il faut aussi faire en sorte que les espaces de travail ne soient pas à proximité de l’espace jeux, en effet, si cela peut passer pour une animation ponctuelle, vos usagers risquent de ne pas apprécier si cela devait avoir lieu tous les jours.
  • Les nuisances olfactives : Si jouer à Journey est une activité relativement calme et reposante, il n’en est pas de même pour Wii Sports ou Just Dance, et quatre ados qui se défoulent pendant une demi-heure, ça peut provoquer quelques surprises pour les usagers qui passent la porte. Vérifiez donc si votre espace peut être aéré facilement.
  • Le chargement des manettes : Les manettes Playstation disposent d’une batterie intégrée, les manettes Xbox et Wii peuvent fonctionner à piles mais également à batterie (vendues séparément). Pensez donc à intégrer des socles de chargement dans vos commandes matérielles, veillez d’avoir toujours quelques manettes chargées en réserve, des câbles de branchement ou bien un stock de piles sous la main.
  • Les mises à jour des jeux et des consoles : la dernière génération de console permet toujours de jouer sans être connecté à Internet. Hormis pour la Xbox One (qui nécessite une mise à jour obligatoire au premier démarrage de la console et un compte validé en ligne pour pouvoir jouer hors connexion) les consoles n’ont pas besoin d’être reliées à Internet. Toutefois, si vous avez décidé de les laisser connectées, il faut s’attendre à l’apparition d’une mise à jour au lancement de la console ou d’un jeu. Pensez donc à vérifier le matin même (surtout pour une animation l’après-midi), cela vous évitera d’avoir à décaler le début des parties. Pour les mises à jour importantes, autant les repousser à la fin de la journée et les laisser s’installer durant la nuit.
  1. Le quotidien

Un espace au quotidien demande un minimum de gestion. Tout d’abord il faut vérifier que le matériel est en état et prêt à fonctionner, que les mises à jour soient installées si besoin, que les manettes soient chargées et que les jeux soient accessibles.

Pour les inscriptions, tout est possible : tableau blanc (où l’on note le nom des usagers au fur et à mesure), tableur de bureautique (où l’on peut automatiser certaines tâches et obtenir quelques statistiques). Il est tout à fait possible de passer par le SIGB, pour le prêt de manette (en consultation sur place) mais celui-ci ne pourra se passer d’un moyen de connaître l’heure de début des sessions.

La présence d’une personne dédiée à gérer l’offre (inscription, lancement des jeux, aide et réponses aux questions de tout genre) est bien entendu nécessaire. La connaissance du jeu vidéo, si elle s’avère importe pour échanger avec votre public, n’est pas forcément nécessaire et le minimum souhaité est la mise en marche et l’arrêt de la console, des manettes et des jeux.

Il est aussi important de mettre en valeur votre espace (figurine cartonnées récupérés en magasin, papercrafts issus d’ateliers, posters glanés dans les magazines, etc.) mais aussi votre offre de jeux. Veillez donc à toujours disposer des manuels de jeux lorsqu’ils existent, ou d’un lutin contenant les commandes si vous proposez une sélection. De même, n’oubliez pas que désormais, vos jeux font partie de votre fonds et qu’ils ont tout à fait leur place sur les tables de présentation thématique aux côtés des livres, cd, dvd et autres documents.

Pour connaître les médiathèques qui ont sauté le pas, rendez-vous sur notre carte de France des jeux vidéo ! (Et si vous souhaitez y figurer, c’est PAR ICI !)

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