Lourde tâche que de consacrer un ouvrage à une sélection de jeux vidéo « auxquels il faut avoir joué dans sa vie » ! D’ailleurs Tony Mott, rédacteur en chef du magazine Edge, le rappelle dès le début de son introduction quand un ami lui a dit « Tu penses vraiment qu’il y a 1001 jeux qui vaillent le coup ? » Si l’entreprise s’est faite à plusieurs mains (ils sont près de 40 collaborateurs à avoir participé à l’ouvrage), la tâche reste sacrément ardue. Et en tant que lecteur, en parcourant une première fois le fil des pages, on se pose effectivement la même question : faut-il vraiment jouer à tous ces jeux ?
Pour Marcus, qui préface l’ouvrage (et dont l’édition française a privilégié le nom en éclipsant totalement celui de son auteur original sur la couverture), celui-ci s’adresse directement aux adolescents, cette génération Y née avec le smartphone et qui n’a sans doute pas connu, à moins de vouer une grande passion à ce domaine, la moitié des jeux vidéo cités. Et pour les adultes, qu’en est-il ? Une vague certaine de nostalgie viendra combler le lecteur au fil des pages, sans doute trouvera-t-il ENFIN le titre d’un jeu qui l’avait marqué dans son enfance, mais il risque aussi de fuir rapidement tant le nombre de jeux inconnus pourra lui paraître important (moi-même ayant une certaine connaissance du sujet, je n’ai entendu parler que de la moitié des titres environ).
Si chaque titre s’accompagne d’une description assez brève (contenu du jeu, évolution technologique mise en avant, lien avec d’autres titres, particularité, etc.) il n’en reste pas moins que l’ouvrage est assez peu digeste (et lourd à porter!) Par ailleurs, beaucoup de titres d’une même saga sont présents : faut-il vraiment avoir joué aux 10 titres de GTA cités ? (Grand Theft Auto, GTA 2, GTA III, Vice City, San Andreas, Chinatown, GTA IV et épisodes adjacents, etc.) Je me le demande !
Et puis, il y a ces titres que l’on attend impatiemment de voir au fil des pages et qui n’apparaissent pas, ou restreints à des colonnes non illustrées alors qu’ils méritent certainement d’être plus cités que tel autre de ces jeux inconnus. La raison vient sans doute que cet ouvrage est essentiellement écrit par des auteurs anglophones (britanniques et américains) lesquels ayant eu accès à un plus grand nombre de jeux que nous autres, joueurs français ( et dont on peut compter que William Audureau parmi les auteurs participants). Cette anthologie reste donc avant tout limitée à une diffusion anglophone.
Toutefois, il ne faudrait pas bouder un tel livre, surtout en animation ou il trouve tout son sens. De la même manière que 100 jeux vidéo, 1000 anecdotes d’Arnaud Bonnet, il y a fort à faire avec cette ouvrage riche en anecdotes qui permettront de combler une présentation d’un jeu ou de briller en société. En revanche, il sera moins évident d’organiser un quizz en prenant une page au hasard. Si vous vous sentez l’âme d’un archéologue, soyez fou et donnez accès à l’ensemble des jeux cités (1 jeu par semaine vous prendrait environ 19 ans, de quoi vous occuper durant une bonne partie de votre carrière !) (Et 1 par jour vous prendrait 2 an et demi.)
Mais le mieux à exploiter dans cet ouvrage reste sans aucun doute sa dernière page : « 1002 et plus… (notes personnelles) » Une belle invitation à construire avec vos usagers la sélection des meilleurs jeux vidéo auxquels il faut avoir joué dans sa bibliothèque.