Coup de cœur découvert récemment, Banished se présente à première vue comme un Sim City-like ou un jeu de stratégie en temps réel comme on en faisait encore beaucoup il y a 10 ans. Mais à la différence qu’ici, il n’est point question de maîtriser un budget mais bien des ressources naturelles et humaines.
La partie commence avec une quinzaine de personnes parties se reconstruire une communauté dans un lieu désert ainsi qu’un lieu de stockage contenant déjà quelques bûches d’arbres. Mais avant de mettre la population au travail pour en amasser d’autres, il faut leur construire une maison. Chaque maison construite abritera un couple qui mettra au monde un à plusieurs enfants. Dès lors, le cauchemar commence : il faut garder un oeil constant sur cette population croissante qui va nécessiter plus de nourriture pour manger, plus de bois pour se chauffer, plus de plantes médicinales pour se soigner, etc. Bien évidemment, chaque habitant peut acquérir un métier : bûcheron, coupeur de bois, pêcheur, chasseur, fermier, mineur, et bien d’autres qu’il faudra là aussi doser à la perfection pour éviter le gaspillage. Car si ce nous apprend une chose, c’est que la maîtrise des ressources naturelles est essentielle à l’équilibre du vivant, et couper trop vite du vite du bois sans laisser le temps aux forêts de repousser conduira inexorablement à une pénurie au moment où l’on en a le plus besoin. Il faut savoir faire des choix entre les ressources accessibles rapidement mais en petite quantité (la chasse) et les ressources plus longues à acquérir, mais qui donneront de grosses quantités (les champs). La contrainte qui oriente vos choix à chaque instant est le déroulement des saisons : au printemps les champs sont semés, les plantes repoussent et les animaux reviennent sur le territoire, en été, les fruits et légumes poussent, à l’automne il faut les ramasser et la faune commence à se faire rare et en hiver, tout est gelé et les habitants consomment beaucoup plus de nourriture et de bois de chauffe pour survivre.
Contrôler la population est aussi un moyen de survivre car chaque foyer abrite un homme et une femme qui donneront naissance à un ou deux enfants jusqu’à ce que leur âge ne leur permette plus de procréer. Et ce n’est qu’à la mort des 2 membres du couple initial que la maison est attribué à un autre couple, soit plusieurs années après. Aussi, il faut envisager la construction d’autres foyers, qui augmenteront irrémédiablement la population une fois que les premières occupées ne seront plus « productives ». Il faut aussi faire un choix sur l’éducation des enfants, ces derniers commencent à travailler dès l’âge de 10-11 ans mais dès lors qu’une école les accueille, ce moment est repousser à 18 ans ! Certes ils travaillent mieux, mais c’est une perte de main d’œuvre considérable les premières années. Il faut également veiller à ce que tout le monde soit heureux et pour cela, la production d’alcool mais aussi la construction d’une église et d’un cimetière en souvenir des habitants est essentiel. Méfiance également, ces derniers se remplissent vite et mettent du temps à offrir de nouvelles places.
Bien évidemment, les premières fois, il faut s’attendre à perdre. Mais dans Banished, chaque défaite nous permet de nous interroger sur ce qui n’a pas marché pour faire mieux la partie suivante. (Je me souviens encore de la partie qui m’a appris la gestion des foyers… lorsqu’il ne restait plus qu’une âme errante seule dans le village. Mais on ne se lasse pas de recommencer, comme si chaque partie était un nouveau défi. A l’inverse même, lorsque le village est étendu et quasi-autonome, on se demande ce qui pourrait l’améliorer, et on regrette que le gameplay n’inclut pas quelques conflits de territoire ou une évolution du matériel afin de donner un peu plus de consistance.
Enfin, Banished pourrait nous amener à une brève réflexion en lien avec les événements actuels. On pourrait résumer le scénario à un groupe de migrants qui décident de s’installer sur une terre fertile. Mais dès lors que d’autres groupes se présentent dans le village, il faut se questionner : puis-je accueillir 20 personnes supplémentaires qui me feront, certes, gagner en main d’œuvre, mais qui risquent de propager une maladie, capable de décimer la moitié de la population et de mes ressources ? Et force est de constater que quelque soit le choix, on ne peut jamais prédire s’il sera bon ou mauvais.