Ce n’est pas de ton âge !
Les médias utilisent aussi le PEGI contre lui-même, créant la confusion auprès des parents et des non-initiés. Il est courant de voir des reportages parlant d’addiction aux jeux vidéo ou encore de tueries liées à ce média, mettant au premier plan tous ces affreux jeux 18+ en oubliant (volontairement ?) de préciser qu’il ne s’agit que d’une simple recommandation ne faisant l’objet d’aucune restriction, car même si les images jeux 16+ et au-delà n’ont pas le droit d’être montrées avant 22h à la télévision, cela concerne le CSA et non le PEGI.
A ce jour, aucune étude ne démontre l’effet du jeu vidéo sur les comportements violents. Cela est aussi un énorme problème, car pour un film ou une série, lorsque l’on parle de classification, c’est avant tout dans l’optique de protéger les enfants d’images choquantes pouvant les traumatiser. Pour le jeu, il est souvent question de comportement. L’industrie porno a connu les mêmes déboires dans les années 90, devenu la cause de comportement déviant dans les médias. Le porno laisse donc sa place de média incitant à la débauche au jeu vidéo.
Autre inconvénient pour le jeu vidéo : sa jeunesse. Ce média est apparu dans les années 70, jusqu’aux années 90, le niveau de détail des images de jeu n’inquiétait pas grand monde. Puis l’évolution continua pour proposer aujourd’hui des images d’un réalisme saisissant. Cette évolution a sans doute pris les parents au dépourvu découvrant une fois la console branchée dans le salon le niveau de détail atteint pour un jeu d’aujourd’hui.
Comme pour les régimes, un parent soucieux de la santé de son enfant cherchera sans doute sur internet des réponses aux questions « le jeu vidéo rend-t-il violent ? « , « jeu et addiction » et comme dit précédemment, aucune étude ne permet d’avoir une la réponse à ces questions, ils trouverons sans doute autant d’avis pour que d’avis contre, se focalisant surtout sur ces derniers, par principe de précaution.
Contrairement au cinéma, le jeu vidéo n’est jamais jugé œuvre par œuvre. Le média dans sa globalité est jugé et ce, par les pro-jeu comme les anti-jeu. Il est très rare de voir des débats ne concernant qu’un titre, le média est jugé dans sa globalité, les jeux servant simplement d’exemple ou de contre-exemple. Un défenseur du jeu vidéo viendra sur un plateau défendre le média avec une sélection de titre affirmant haut et fort que le jeu c’est bien parce que… La partie adverse fera exactement la même chose. Jamais vous ne verrez quelqu’un brandir sur un plateau un film en disant « le cinéma c’est pour les attardés », « cela privent de vie sociale… ». La télévision oscille entre les deux, parfois jugée dans sa globalité, parfois par les œuvres qu’elle diffuse. Combien de fans de séries téléchargeant exclusivement leurs épisodes sur internet critiquent la télévision en oubliant que c’est ce média qui produit, diffuse et distribue ces séries. Tout comme le jeu vidéo, il ne faut pas confondre le média, le diffuseur, le créateur et le distributeur.
Toutes ces raisons font que l’acheteur non joueur se fiera au PEGI, cela tombe, bien car c’est exactement le but du système. Mais que faire face à un système sévère vis-à-vis des jeux ? Comme pour la télévision, certains éditeurs n’hésitent pas à utiliser l’autocensure pour s’assurer un PEGI 12 ou 16. Une pratique qui laisse perplexe et n’aide pas à l’image du jeu vidéo. Pourquoi censurer soi-même son jeu ? Cela peut signifier que le contenu pouvant poser problème n’est pas là dans un but artistique mais sensationnel, vue qu’il est possible de s’en passer. Faudrait-il rassurer les parents en leurs expliquant que le système est volontairement strict par précaution ? Le risque serait de remettre continuellement le système en question.
Qui peut réellement décider qu’un enfant d’un certain âge peut être choqué ? Certain ne le seront jamais, mais rien ne peut affirmer qu’un adulte ne soit choqué par le contenu d’un jeu 12+. L’être humain n’est pas une machine calibrée de la même façon d’un individu à l’autre.