Jeuxvidéothèque soutient La Petite Bibliothèque Ronde de Clamart
Une fois n’est pas coutume, nous n’allons pas parler de jeu vidéo mais d’un événement suffisamment important à nos yeux pour que nous transgressions notre ligne éditoriale.
Livre Hebdo et Le Parisien ne cessent d’en parler : la Petite Bibliothèque Ronde, bibliothèque historique des enfants de Clamart, est une nouvelle fois en danger. Un collectif de soutien s’est monté pour faire face à cet événement et a lancé une pétition déjà signée par plus de 2000 personnes. Toutefois, son communiqué du 6 octobre est d’ailleurs très préoccupant.
Pour bien cerner le débat entre La Petite Bibliothèque Ronde et la Mairie de Clamart, nous vous invitons à regarder la table ronde sur l’avenir de la bibliothèque donnée par le président de l’association et le collectif lors des Journées du Patrimoine. Nous allons tenter de vous résumer brièvement l’histoire de cette nouvelle confrontation.
10 ans après, c’est la même histoire qui se répète quoique cette fois-ci, la bibliothèque n’est plus menacée de destruction mais bien de fermeture et l’association La Petite Bibliothèque Ronde et son équipe d’expulsion. Les raisons : effectuer des travaux pour que ce bâtiment qui accueille le public soit aux normes. Il faut dire que depuis les dernières élections, la mairie a fortement contribué à détériorer elle-même le bâtiment (condamnation de sorties de secours maintes fois fracturées, ou encore de l’accès au toit, nécessaire pour éviter l’inondation du bâtiment en cas de gouttières bouchées) sans compter l’absence de moyen d’accès pour les personnes handicapées (pourtant demandée depuis des années et obligatoire). Mais cette fois-ci, c’est surtout l’amiante présente dans le bâtiment qui préoccupe la municipalité : amiante non volatile selon les derniers examens effectués.
Alors effectivement, ce lieu a bel et bien besoin d’être aux normes de sécurité pour accueillir le (très) jeune public et l’association La Petite Bibliothèque Ronde ne s’y oppose en aucun cas. Le bâtiment étant classé Monument Historique depuis 2009, les moindres travaux sont soumis à un cahier des charges très spécifique. Or aucun des organismes mentionnés n’a été sollicité à ce jour par la mairie, alors que celle-ci est déjà en train de préparer les travaux.
Mais si la mairie se montre des plus intéressées par le bâtiment, elle se préoccupe moins de l’association qui gère les lieux. Certes, Monsieur le Maire de Clamart peut se déclarer « blessé » de voir un nouveau collectif des habitants lui faire « un procès d’intention », alors que tant d’argent est versé à l’association et qu’une proposition d’hébergement a été faite dans un nouveau local que l’équipe pourrait occuper pour poursuivre ses missions le temps des travaux. Mais bien évidemment, celui-ci est situé au-delà du territoire et sans aucune concertation avec l’équipe, de même que sur l’agenda des travaux ou la poursuite des subventions publiques qui n’ont jamais été communiqués.
Mais la municipalité (qui appartient au territoire Vallée-Sud-Grand-Paris) pensait-elle vraiment que l’association n’allait pas se montrer blessée de voir son personnel réduit de 2 personnes essentielles, financée actuellement par cette même subvention sur laquelle il veut prélever le montant du nouveau loyer ? Pensait-elle vraiment que les missions de l’association prennent le même sens en dehors de ces murs arrondis, condition sine qua non de certaines subventions ? Pensait-elle vraiment que les habitants du quartier n’allaient pas se rebeller devant tant d’opacité alors que ce lieu est une bulle d’air pour leurs enfants et où le savoir-vivre s’apprend plutôt que s’impose comme dans d’autres structures ? Et surtout, en souhaitant faire de la Petite Bibliothèque Ronde l’annexe jeunesse de la médiathèque François Mitterrand située à 500 mètres, pensait-elle que l’équipe allait accepter une nouvelle direction plus restrictive que celle que lui impose le cadre associatif ?
Autant de questions qui laissent planer le doute sur l’avenir de la Petite Bibliothèque Ronde, de son équipe épuisée de devoir faire face à ces oppositions et surtout, le plus important, de ses enfants qui ne demandent qu’à s’ouvrir au monde et à leur propre avenir.
Devant les éléments portés à notre connaissance, et parce que ce site et son équipe doivent énormément à ce lieu, Jeuxvidéothèque soutient la Petite Bibliothèque Ronde et vous invite à SIGNER LA LA PETITION pour le maintien de l’association dans ses murs.
Et parce que Jeuxvidéothèque doit beaucoup au travail de la Petite Bibliothèque Ronde, plutôt que de rappeler son histoire hors du commun ou son bilan 2015 enthousiasmant, il est toujours bon de rappeler que la PBR c’est aussi :
- Des centaines de bibliothécaires formés sur l’utilité et les pratiques de lecture aux enfants, du kamishibai, du multimédia et du numérique jeunesse
- Un intérêt très tôt pour les pratiques informatiques pour la jeunesse soutenu par La Revue Des Livres Pour Enfants de 1983
- Le Petit Festival de l’Imaginaire qui rassemble auteurs, illustrateurs, éditeurs et artistes plasticiens
- Un terrain d’expérimentation des pratiques culturelles avec les enfants suivis depuis des années par les professionnels.
- Un équipement informatique important accessible dès 4 ans
- Une des premières bibliothèques en France à avoir mis à disposition des tablettes numériques entre les mains des enfants
- Des journées dédiées spécialement aux animations numériques
- Un respect du bâtiment qu’elle transmet dans l’accueil du public
- De très nombreux enfants volontaires formés à aider les bibliothécaires dans l’accueil et le rangement des collections
- Bibapps : catalogue participatif d’applications jeunesse, référence dans le milieu professionnel et dont Jeuxvidéothèque s’est librement inspiré pour son projet.
- La Bibliothèque est à nous, un film de Kaspar Vogler sorti en 2015 et qui éclaire à la fois sur le travail de l’équipe, ses contraintes et ses libertés ainsi que ses difficultés.
En bref, une fermeture de la Petite Bibliothèque Ronde ne nuira pas simplement à son quartier d’origine et à ses habitants mais à la profession toute entière. Nous avons la chance en France d’avoir un lieu libre de ses mouvements afin de mener à bien son projet tourné vers son public jeunesse. Nous soutenons la Petite Bibliothèque Ronde et son équipe, pour son public et pour notre profession et nous souhaitons que ces malheureux événements trouvent rapidement une issue qui soit profitable à tous.